Mort... Et nouvelle vie.

La terre était fraiche, le souffle du vent glacial. Le ciel, légèrement tâché de nuages sombres, semblait ne pas vouloir s'assombrir définitivement, comme pour ne pas laisser mourir l'espoir qu'elle n'entretenait déjà plus. Pourtant, elle s'en fichait. Son manteau était épais, mais le froid passait au travers. Etait-ce le froid qui se répandait autours d'elle ou la tristesse qui la torturait de l'intérieur? Elle s'était assise sur un banc, immobile. Elle attendait que le froid la dévore, la détruise de l'intérieur en lui jetant un maléfice qui l'emporterait à coup sûr. Son coeur était brisé, douloureux. Il ne battait plus, et pourtant elle était bien là, encore en vie, suspendue entre conscience et mort. Elle ne vivait plus pour rien, elle n'avait qu'une envie: la rejoindre. Elle ne voyait plus rien qui puisse colorer le jardin, ni fleur, ni herbe grasse. Elle n'entendait plus de chants d'oiseaux, ni celle qu'elle avait aimer ronronner contre son coeur, lécher son visage. Son amour avait disparu, elle n'était plus que l'ombre d'elle-même... Et elle ne parvenait pas à soulager sa peine. A se porter ce coup fatal qu'elle avait toujours remis en question. Elle attendait que la Mort ne vienne la chercher elle-même, même en sachant qu'elle n'aurait jamais voulu ça. Elle attendait que le froid la détruise, que la peine l'emporte sur la puissance de son corps, puisque son mental avait reçu un coup fatal. Elle se mourrait, c'était une évidence. Elle voulait mourir, c'était une conviction. Elle ne mangeait plus, ne cessait de verser les larmes qu'elle n'arrivait pas à tarir. Le noir l'avait encerclé, et les ténèbres la gagnaient sans qu'elle n'espère même se relever. Ecrasée par le poids du deuil, de la souffrance, du départ, elle n'avait plus goût à rien, si ce n'est à rejoindre le paradis qu'elle avait fait goûter à celle qui peuplait son imagination. Son espoir était éteint...

... Et pourtant, dans un dernier sursaut de lutte, elle a tenté de se relever. Elle a peint sa douleur, s'est vidée de son encre tant qu'il lui restait des forces physiques pour le faire. Une main s'est tendue. Plusieurs l'ont saisi, relevé, soutenu. Elle n'avait pourtant plus rien à leur offrir, elle n'était plus qu'un corps sans vie, dénué de tout l'intérêt qu'elle eut pu avoir par le passé. Ils ont séché ses larmes, l'ont consolé, enveloppé de leurs ailes. Ils l'ont serré dans leur bras, ont parlé avec leur coeur, ouvert leur porte. Elle est partie loin du passé et de ses douleurs en allant s'en remettre à leur amour. Elle les a écouté, et a lutté. Parce qu'ils l'ont relevé. Parce qu'ils étaient devenus sa plus grande force. Parce qu'elle vivait désormais pour eux. Parce que ce coeur en morceau qui avait cessé de battre avait commencé à panser ses blessures, avait cessé de saigner. Ils soignaient chaque parcelle de souffrance avec leur affection, leur rire. Ils croyaient en elle, lui offraient un avenir, une nouvelle raison de vivre. Ils lui rappelaient qu'ils l'aimaient, et qu'elle la retrouverait un jour. Ils parvenaient à refaire naitre des couleurs dans sa vision. Ils parvenaient à la faire de nouveau sourire. Ils parvenaient à la faire aimer de nouveau. Ils parvenaient à lui redonner le goût à la vie, l'envie de manger. Ils éteignaient le froid pour laisser place à la chaleur du soulagement, de l'espoir. Ils avaient finalement reconstruit celle qui voulait partir. Ils avaient redonné une nouvelle force à celle qui n'en avait plus aucune. Et chaque jour encore, lorsqu'elle pense à l'un d'eux, à ce qu'ils ont fait, une larme coule sur sa joue. Jamais elle ne pourra exprimer correctement ce qu'elle ressent pour eux. Jamais personne ne pourra comprendre à quel point ces personnes lui importent. Jamais personne ne saura à quel point elle leur est reconnaissante, et à quel point elle les aime. Ce sont des choses qui ne s'expliquent pas, mais se ressentent. Elle a essayé de vous les dépeindre ici, mais ce sont des choses que le langage n'exprime pas. Les gestes même seraient faibles pour le prouver. Sachez juste que si elle vit encore aujourd'hui, c'est grâce à vous.